L'Oiseau frileux

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lundi, juin 10, 2013

Dodo fait don de ses archives à BAnQ

Photo : François Pesant Le DevoirDominique Michel et le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto.

La chanteuse, actrice et humoriste a procédé formellement au don, lundi, au Centre d'archives de Montréal, lors d'une cérémonie empreinte d'émotion animée par le comédien Yves Jacques.

Des amis producteurs et acteurs – tels que Rémy Girard, Gaston Lepage, Louise Portal, Michel Forget, Jean Bissonnette et Guy Latraverse – étaient de la partie, de même que le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto.

Dominique Michel a évoqué les nombreux souvenirs la concernant conservés par sa mère, Émérentienne Dupuis. À la découverte de boîtes de documents, photos et coupures de presse après son décès, Dominique Michel a eu la volonté de poursuivre dans la même voie.

Ce lundi, ce sont une multitude de documents, environ 4000 photographies, 26 vidéos et 15 objets qui ont été légués à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) par la «mère du show-business au Québec», selon les termes de son ami Michel Forget.

«C'est ma mère la première qui a mis ça de côté, pour sa fille unique. Quand elle est décédée, j'ai retrouvé ça dans les boîtes mises de côté. Il y avait plein de vieux journaux. Je voyais que c'était tout sur moi. Quand je disais une parole, elle découpait l'article», a évoqué Dominique Michel en entrevue, parlant aussi des annotations avec une calligraphie presque identique à la sienne.

«C'est comme si c'était moi qui avait écrit [ces notes]», a-t-elle affirmé.

Dominique Michel, dont la carrière s'échelonne sur six décennies, a fait sa marque dans les cabarets, à Montréal et Paris, au théâtre, au cinéma – notamment dans Le déclin de l'empire américain et Les invasions barbares.

Elle a rejoint surtout son public en humour au festival Juste pour rire et à la télévision, que ce soit aux côtés de sa grande acolyte Denise Filiatrault dans Moi et l'autre ou dans la quinzaine de Bye-Bye de fin d'année auxquels elle a pris part.

Âgée de 80 ans, la comédienne a reçu la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale, le 13 mai dernier, des mains de la première ministre Pauline Marois. Dominique Michel a aussi été décorée des insignes de Chevalier de l'Ordre national du Québec en 2002, et d'Officier de l'Ordre du Canada en 1994.

Plus tôt, devant ses collaborateurs et amis, elle disait vouloir témoigner après avoir profité d'une belle et longue carrière. «J'ai beaucoup de kilomètres derrière moi, et ça prend de la place tout ça. [...] Moi, j'ai vu construire la Place des arts, Ville-Marie, le Stade olympique, j'ai connu la Commission des liqueurs, et les magasins de fer avant les quincailleries. J'ai prêté mon image pour Leucan, le Bon Dieu dans la rue, Portes et fenêtres de cuisine Verdun. J'ai vu huit papes, le début du club échangiste L'Orage», a-t-elle illustré, déclenchant les rires.

Elle a surtout voulu remercier ses proches, l'acteur Michel Forget qu'elle considère comme un frère, ses «amis» des Bye-Bye, la famille du Déclin de l'empire américain.

«Ce qui m'a marqué le plus? Pas les cabarets, j'haïssais ça pour tuer, les gens étaient saouls, parlaient fort, rétorque-t-elle en entrevue. Si on repasse derrière, c'est Le Petit Café et Moi et l'autre à la télévision où j'ai eu énormément de plaisir, les Bye-Bye avec tous mes amis, et Juste pour rire, où j'ai pu présenter tant de talents. Jean-Marc Parent, pour son numéro d'handicapé, je lui avais dit de se lever à la fin, pour ne pas que les gens croient qu'il en était un. Il y a eu des talents extraordinaires, comme Patrick Huard. Je suis heureuse de voir leurs grands succès.»

Le Fonds Dominique Michel – qui vient compléter d'autres fonds de personnalités marquantes dont ceux d'Yvon Deschamps, Clémence Desrochers et Gilles Vigneault – fait l'objet d'une sélection de pièces en vitrine au Centre d'archives pour le public.

On peut y voir une photo avec Olivier Guimond lors de la réception par Dominique Michel du prix portant le nom du célèbre humoriste en 1977. S'y retrouvent aussi «Dodo» sur une boîte de conserve de soupe pour une publicité d'Aylmer, une affiche du 2e prix du concours de chanson canadienne en 1957 pour Sur l'perron, des photos d'enfance et de son mariage avec l'hockeyeur Camille Henry des Rangers de New York.

Le Fonds est constitué de plusieurs cahiers manuscrits ayant mené à la publication de l'autobiographie de Dominique Michel en 2006 intitulée Y'a des moments si merveilleux...

Ses archives rendent compte de la longue carrière de "Dodo" des années 1950 aux années 2000, et témoignent des relations qu'elle a entretenues avec plusieurs personnalités de la scène culturelle québécoise telles que Paul Berval, Roger Joubert, Donald Lautrec, Jean-Guy Moreau ou Raymond Lévesque _ qui lui avait écrit plusieurs chansons pour son passage dans des cabarets à Paris.

Comme disaient plusieurs intervenants, lundi, à Montréal, les archives de Dominique Michel jettent une lumière sur tout un pan de l'histoire de l'humour et de la télévision au Québec.

Évoquant les grandes sculptures se retrouvant au Centre d'archives, Yves Jacques a lancé à l'endroit de Dodo qu'il y avait «seulement des géantes qui entrent ici», parlant d'une femme audacieuse et une immense inspiration.

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