L'Oiseau frileux

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vendredi, juin 14, 2013

Nouveau chic de la branchitude: ne pas être branché!


Si l'on se fie au monde de la mode, qui aime bien cultiver les tendances de demain et l'esthétisme à venir, le summum de la «branchitude», dans un univers surconnnecté, serait... de ne plus avoir d'existence numérique, d'être introuvable dans un moteur de recherche. C'est du moins ce qu'estime une des figures de proue de ce haut lieu de la superficialité, qui finalement, par moment, peut se montrer d'une troublante profondeur.

Phoebe Philo — c'est son nom — l'a dit récemment dans les pages du London Evening Standard, rappelle le collègue du Guardian Stuart Jeffries dans une chronique portant sur le nouveau culte de l'anonymat en format numérique. 

Selon la directrice de création chez Céline — pas la chanteuse, mais bien la maison de haute couture créée en 1945 par Céline Vipiana —, «la chose la plus chic aujourd'hui», ce n'est pas de se vautrer dans l'exhibitionnisme 2.0, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Ce serait plutôt «de ne pas exister sur Google», dit-elle en ajoutant: «Mon dieu, je rêve d'être cette personne». 

Avec un nom comme le sien, une fonction comme la sienne dans un milieu qui n'a pas le choix de se montrer avec faste et ostentation pour exister, la chose n'est bien sûr pas facile à atteindre, mais sa remarque, même si elle vient d'un drôle d'endroit, préfigure peut-être le début d'une tendance, à une époque où l'abus des conversations numériques, l'excès dans le dévoilement du soi en format numérique, dans le culte de l'instant et du rien à cacher fait régulièrement apparaitre les effets pervers qui viennent avec ces mutations. 

Les récentes révélations sur un programme de surveillance des vies numériques et téléphoniques des citoyens américains par les services secrets n'en sont qu'une énième expression.  

Il y a quelque chose de très romantique dans ce rêve de l'effacement numérique, d'un retour à une vie plus simple loin des impératifs numériques induits par les machines qui se sont immiscées dans nos poches, souligne Jeffries en précisant toutefois que pour sortir du radar des moteurs de recherche, il est possible de s'inspirer de quelques figures publiques qui ont trouvé une façon originale de le faire. Comment? En adoptant des noms qui ne donnent pas des résultats très concluants quand on les rentre dans Google.  

Les groupes de musique Pink, Chicago, Yes ou encore «!!!» en font partie. Tout comme Women et Girls, révèle le palmarès des groupes impossibles à «googler» établie par le site Canada.com.  

Bref, à l'avenir, pour être branché et indétectable dans un moteur de recherche, il va falloir cultiver la banalité et la discrétion. Une évidence, sauf peut-être dans le monde de la mode qui effectivement n'a pas d'autres choix aujourd'hui que d'en rêver...

Source: Le Devoir

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