L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

samedi, septembre 07, 2013

Quand Marcel Proust voulait tremper sa biscotte…

Dans une lettre adressée à son grand-père, le jeune Marcel Proust, alors âgé de 16 ans, demande de l’argent à son grand-père pour pouvoir aller au bordel. Anecdote ou élément essentiel à la compréhension de l’œuvre proustienne ?


Marcel Proust - NAMUR-LALANCE/SIPA
Marcel Proust - NAMUR-LALANCE/SIPA
Le 14 Novembre de cette année, nous célèbrerons le centenaire de la publication de l’œuvre de Marcel Proust Du côté de chez Swann. L’occasion d’exhumer une lettre méconnue que le futur auteur, à l’âge de 16 ans, écrivait à son grand-père afin d’obtenir la somme nécessaire pour se rendre au bordel. Le jeune homme espérait que la fréquentation d’une fille de joie saurait lui faire passer ses masturbations compulsives. 
  
«Mon cher petit grand-père, 
  
Je viens réclamer de ta gentillesse la somme de 13 francs que je voulais demander à monsieur Nathan, mais que maman préfère que je te demande. Voici pourquoi. J’avais si besoin de voir une femme pour cesser mes mauvaises habitudes de masturbation que papa m’a donné 10 francs pour aller au bordel. Mais 1° dans mon excitation j’ai cassé un vase de nuit, 3 francs 2° dans cette même émotion, je n’ai pas pu baiser. Me voici donc [Gros-Jean] comme devant, attendant chaque heure d’avantage pour me vider et en plus les trois francs du vase. Mais je n’ose pas redemander sitôt de l’argent à papa et j’ai espéré que tu voudrais bien venir à mon secours dans cette circonstance qui tu le sais est non seulement exceptionnelle mais encore unique : il n'arrive pas deux fois dans la vie d'être trop troublé pour pouvoir baiser.» 

Source

Extrait du du catalogue de la vente de la bibliothèque Jacques Guérin (Paris, 20 mai 1992)
Extrait du du catalogue de la vente de la bibliothèque Jacques Guérin (Paris, 20 mai 1992)
Cette missive permet de relire certains passages de l’œuvre proustienne sous un éclairage nouveau. Par exemple, cet extrait de Contre Sainte-Beuve : 
  
«Il en est aussi de ces plaisirs solitaires, qui plus tard ne nous servent qu’à tromper l’absence d’une femme, à nous figurer qu’elle est avec nous. Mais à douze ans, quand j’allais m’enfermer pour la première fois dans le cabinet qui était en haut de notre maison à Combray, où les colliers de graine d’iris étaient suspendus, ce que je venais chercher, c’était un plaisir inconnu, original, qui n’était pas la substitution d’un autre.»  
  
Peut-on ainsi valider l’équation «biscotte + première masturbation = madeleine» formulée par Alain Garric sur lemonde.fr ? Ou à l’inverse, toutes les tentatives d’explications et d’analyses de l’œuvre proustienne ne sont-elles que… masturbation intellectuelle ? 

«On a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu’on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir et elle s’ouvre.» Le Temps retrouvé 

Source: Marianne.fr

Aucun commentaire:

Publier un commentaire