L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

samedi, novembre 07, 2015

USA : La Société des punitions. La violence devenue la caractéristique qui définit les États-Unis.

 
Il fut un temps où un examen dentaire ou médical a été l’occasion de lire un livre. Ce n’est plus le cas. Le téléviseur hurle. C’était des animateurs télé qui discutaient de savoir si un joueur de football avait été suffisamment puni. L’infraction n’était pas claire. La question était de savoir si le châtiment était suffisant.
 
Il m’est revenu à l’esprit que la punition était devenue la principale caractéristique de l’Amérique, de la société occidentale, en fait. Un boulanger dans le Colorado a été puni parce qu’il ne voulait pas faire un gâteau de mariage pour un mariage homosexuel. Une fonctionnaire d’un comté ou d’un État a été punie parce qu’elle ne voulait pas délivrer un certificat de mariage pour un mariage homosexuel.
 
Des professeurs d’université ont été punis parce qu’ils critiquaient le traitement inhumain des Palestiniens par Israël. Les dénonciateurs sont punis, malgré leur protection en vertu du droit fédéral-pour avoir révélé les crimes du gouvernement américain. Et les enfants sont punis parce que ce sont des enfants.
 
Mais pas par leurs parents. La police peut leur mettre des claques à tour de bras, les blesser gravement. Mais les parents ne doivent pas lever la main sur un enfant. Si un enfant reçoit une fessée, comme c’était le cas pour tout le monde de ma génération, alors arrive la Gestapo des services de protection de l’enfance (SPE). L’enfant est saisi, mis en « détention préventive », et les parents sont arrêtés. La Gestapo SPE reçoit un bonus fédéral pour chaque enfant qu’ils saisissent, et ils veulent de l’argent.
 
Tout ce que les parents peuvent faire aujourd’hui, c’est de restreindre le temps de télé ou de jeu vidéo. Même cela est risqué, parce qu’on enseigne aux enfants à l’école à signaler un comportement abusif des parents. Pour de nombreux enfants, se faire dire quoi faire par les parents est un comportement violent. Les enfants ont appris qu’ils peuvent rembourser les parents en les disciplinant par leur dénonciation aux enseignants ou en appelant eux-mêmes le SPE. Les enfants qui ripostent à une action parentale de cette manière socialement approuvée ne réalisent pas qu’ils courent un risque élevé de ruiner la vie de leurs parents ainsi que la leur, et de se retrouver en famille d’accueil où le risque d’abus sexuel est présent.
 
Comme la société a rendu possible que les enfants l’emportent sur les parents, les enfants pensent que ce droit vaut aussi pour les enseignants, les administrateurs scolaires, et les agents des ressources de l’école, des psychopathes avec des insignes de police qui maintiennent la discipline par la force et la violence. Les enfants découvrent rapidement, comme l’a fait Shakara quand elle a rencontré Ben Fields, que, s’il est interdit aux parents d’avoir recours aux châtiments corporels, ça ne l’est pas pour les agents des ressources scolaires. Le bureau de Shakara a été renversé alors qu’elle y était assise. Elle a été violemment jetée par terre, traînée sur le sol et menottée. Tout parent qui ferait cela ferait face à une peine de prison.
 
Les écoles ne sont plus des lieux où l’on apprend. Ce sont des lieux de punition. Les enfants sont punis pour les raisons les plus absurdes. Il suffit d’avoir un comportement d’enfant pour que la punition tombe. Comme Henry Giroux l’a écrit, les écoles sont devenues des lieux de contrôle, de répression et de punition.  17.000 écoles publiques américaines ont une présence policière. Tout sens commun a disparu.
 
Deux gamins de cinq et six ans qui se bagarraient ont été arrêtés et emportés avec les menottes aux poignets. La police émet des contraventions et des amendes aux étudiants pour ce qui était un comportement ordinaire pendant ma scolarité. Des suspensions résultent des dossiers de la police qui entravent la perspective de succès de l’enfant.
 
La violence que Ben Fields a utilisée contre Shakara fait partie de la routine. Mother Jones rapporte qu’un voyou à Louisville, Jonathan, Hardin a frappé un jeune de 13 ans au visage pour avoir court-circuité la queue dans une cafétéria, et a étranglé un autre jeune de 13 ans jusqu’à ce que l’étudiant perde conscience. Un différend à propos de l’utilisation d’un téléphone cellulaire a entraîné qu’un étudiant de Houston soit touché 18 fois avec une arme de police.
 
La violence policière s’étend au-delà des écoles. Tout Américain qui a la malchance de faire une rencontre avec la police risque d’être électrocuté, battu, arrêté, et même assassiné.
 
Les manifestants contre la guerre, et autres, sont battus, asphyxiés au gaz lacrymogène, arrêtés. La police de l’état américain travaille dur pour criminaliser toute critique à son égard. La violence est devenue la caractéristique qui définit les États-Unis. C’est même la base de la politique étrangère des États-Unis. Au 21e siècle, des millions de gens ont été tuées et déplacées par la violence exercée par les Etats-Unis contre le reste du monde.
 
Avec nos écoles publiques et les forces de police travaillant d’arrache-pied pour enseigner aux enfants, qui constitueront les générations futures, que la violence est la solution et que la soumission est la seule alternative, attendons-nous à ce que les Etats-Unis deviennent invivables, à l’intérieur, et un danger encore pire pour le reste du monde.

 Paul Craig Roberts

Article original en anglais :
police-brutality-3
America: The Punishment Society. “Violence is the Defining Hallmark of the US”, publié le 3 novembre 2015
Traduction Avic – Réseau International

Aucun commentaire:

Publier un commentaire