L’écrivaine et poétesse américaine Maya Angelou est décédée à l’âge de 86 ans.
Son décès a été confirmé par communiqué par l’Université Wake Forest de Winston-Salem, en Caroline du Nord, où elle était professeure en Études américaines depuis 1982.
Grande et majestueuse, Angelou a défié toutes les probabilités en devenant l’une des premières femmes noires à obtenir un succès populaire comme auteure, s’accomplissant dans presque tous les modes d’expression artistiques. La jeune mère célibataire qui a dû travailler dans des bars de danseuses pour gagner sa vie a plus tard écrit et récité le poème d’inauguration présidentiel le plus populaire de l’histoire. Celle qui fut victime de viol dans son enfance a écrit des mémoires vendus à des millions d’exemplaires, est devenue l’amie de Malcolm X, Nelson Mandela et Martin Luther King Jr. et s’est produite sur des scènes partout à travers le monde.
Actrice, chanteuse et danseuse dans les années 1950 et 1960, elle s’est fait découvrir comme écrivaine dans les années 1970 avec «I Know Why the Caged Bird Sings» («Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage»), première partie d’une autobiographie en plusieurs volets qui paraîtront au cours des décennies suivantes. En 1993, elle a fait sensation en lisant son poème prudemment optimiste «On the Pulse of the Morning» lors du discours inaugural du président Bill Clinton. Sa lecture avait ravi le président et avait permis au poème de devenir un best-seller. Pour le président George W. Bush, elle avait lu un autre poème, «Amazing Peace», lors de la cérémonie de l’arbre de Noël à la Maison-Blanche, en 2005.
Elle est demeurée assez proche de la famille Clinton et avait appuyé, en 2008, la candidature de Hillary Rodham Clinton plutôt que celle de Barack Obama, qui est par la suite devenu le premier président noir des États-Unis. Mais quelques jours avant l’inauguration de M. Obama, elle avait manifesté sa joie.
Elle était l’une des mentors d’Oprah Winfrey, avec qui elle s’était liée d’amitié lorsque la célèbre animatrice était encore une journaliste locale. Elle a par la suite souvent été invitée sur le plateau du talk-show de Winfrey. Elle maîtrisait plusieurs langues et a publié non seulement de la poésie, mais aussi des livres de conseils, des livres de recettes et des histoires pour enfants. Elle a composé de la musique, écrit des pièces de théâtre et des scénarios, a obtenu une nomination au gala des Emmy pour son jeu dans «Roots» et n’a jamais perdu sa passion pour la danse, l’art qu’elle considérait comme étant le plus près de la poésie.
Son nom, adopté à l’âge adulte, lui a permis de se réinventer. Angelou est née Marguerite Johnson, à St. Louis, et a grandi à Stamps, dans l’Arkansas, et à San Francisco. Elle était intelligente et n’hésitait pas à dire ce qui lui passait par la tête. À d’autres moments, elle ne parlait pas du tout. À l’âge de sept ans, elle a été violée par le conjoint de sa mère et n’a pas dit un mot pendant des années. Elle a appris grâce à la lecture et en écoutant.
À l’âge de neuf ans, elle écrivait des poèmes. À 17 ans, elle était mère célibataire. Au début de la vingtaine, elle a dansé dans un club, dirigé une maison close, s’est mariée (avec Enistasious Tosh Angelos, le premier de ses trois maris) puis s’est divorcée.
Après avoir adopté le nom de scène de Maya Angelou, elle est partie en tournée avec des troupes de théâtre et a fait de la danse avec Alvin Ailey. Elle a travaillé comme coordonnatrice pour le Southern Christian Leadership Council et a vécu pendant des années en Égypte et au Ghana, où elle a rencontré Malcolm X et est demeurée proche de lui jusqu’à son assassinat, en 1965.
Angelou est demeurée méconnue à l’extérieur de la communauté théâtrale jusqu’à la sortie de «I Know Why the Caged Bird Sings». Ses mémoires ont parfois fait l’objet de sévères critiques. Dans un essai publié en 1999 dans le magazine Harper’s, Francine Prose avait critiqué l’ouvrage qu’elle avait qualifié de mélodrame «manipulateur». Les passages du livre traitant de son viol et de sa grossesse à l’adolescence ont pour leur part suscité de nombreuses plaintes de la part de parents et professeurs.
«Je croyais que c’était un livre assez léger. On n’y retrouve aucun juron», avait déclaré Angelou à l’Associated Press. «On y parle de survie et on ne transforme pas les protagonistes en ogres. J’ai été choquée d’apprendre que des gens veulent qu’il soit interdit et je crois toujours que ceux qui sont contre le livre ne l’ont pas lu.»
Angelou a participé à plusieurs émissions de télévision, notamment la minisérie de 1977 «Roots». Elle a obtenu une nomination aux Tony Awards en 1973 pour sa prestation dans la pièce «Look Away».
En 1998, elle a réalisé le film «Down in the Delta», qui racontait l’histoire d’une femme brisée par la drogue, qui retourne au domicile de ses ancêtres dans le Delta du Mississippi.
Elle a remporté trois prix Grammy pour ses albums de poésie et en 2013, elle a reçu un National Book Award honoraire pour souligner sa contribution à la communauté littéraire.
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