Le 26 septembre, Mylène Paquette, qui tente de traverser l'océan Atlantique à la rame, a été ravitaillée d'urgence par le bateau de croisière Queen Mary II.
PHOTO FOURNIE PAR DOMINIQUE LADOUCEUR
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(Québec) Grande émotion sur fond d'exploit marin, mercredi, au port de Québec. La rameuse Mylène Paquette, engagée dans une périlleuse traversée de l'océan Atlantique en solitaire, a renoué avec le capitaine du Queen Mary II, Kevin Oprey, qui a dévié l'immense bateau de croisière de sa trajectoire pour la ravitailler alors qu'elle en avait grand besoin.
Annie Morin
Le Soleil
via Cyberpresse
Cette bonne action, qui date du 26 septembre, a fait parler davantage en Angleterre qu'au Québec. Rappelons un peu l'histoire.
La Montréalaise Mylène Paquette est partie le 6 juillet d'Halifax, en Nouvelle-Écosse, pour traverser l'océan Atlantique à la rame. Quand elle mettra pied à terre à Lorient, en France, le mois prochain si tout va comme prévu, elle deviendra la première femme à avoir réalisé pareil exploit.
Cette expédition n'a rien d'un pique-nique. Le 25 septembre, pris dans la tempête tropicale Humberto, le petit bateau jaune de Mylène (tout le monde l'appelle par son prénom) a chaviré. Le téléphone et les antennes satellites ainsi que son ancre ont abouti au fond de la mer et ses vivres ont été souillés par l'eau salée.
Alertée grâce à un deuxième téléphone satellite, son équipe à terre était inquiète. Et si elle rechavirait et perdait le reste? «Ce n'était pas vraiment une situation de détresse», admet Dominique Ladouceur, son attachée de presse, mais comme Mylène était seule en mer, assistance a été demandée au bateau le plus proche. Il s'est avéré que c'était le Queen Mary II.
Une nuit sans sommeil
Aussitôt alerté, le capitaine Oprey s'est porté volontaire. Il a tout de même demandé la permission à ses patrons, car il lui fallait faire un détour pour rejoindre la jeune femme. Permission accordée. Le paquebot a mis le cap sur la position du Hermel, qui se trouvait tout de même à quelque 300 miles nautiques.
«Cette nuit-là, je n'ai pas dormi du tout», a raconté mercredi M. Oprey, en escale à Québec, prenant sa femme à témoin. Dehors, le temps était encore mauvais et il pensait à cette jeune femme, seule au milieu de l'océan, qu'il se préparait à aider.
Une douzaine d'heures plus tard, la Québécoise a aperçu le bateau de croisière long de 345 mètres au loin. Mercredi encore, lors d'une conversation par téléphone satellite avec «son» capitaine, Mylène se rappelait les applaudissements et les encouragements des 1500 passagers du Queen Mary II et des membres d'équipage quand ils l'ont aperçue et tout au long de l'opération de ravitaillement.
Dans les ballots lancés à la mer, qu'elle a récupérés un à un, se trouvaient les pièces d'équipement espérées, mais aussi des gâteries, comme des croissants, des bleuets, du chocolat et une bouteille de vin. Seul regret du capitaine exprimé mercredi : il n'a pas pu lui lancer la couverture qu'elle avait demandée. «Ne vous en faites pas avec ça, j'avais un deuxième sac de couchage», l'a rassuré Mylène.
Après 83 jours de solitude, ce fut la plus belle journée de son périple, n'hésite pas à dire la rameuse. Les images vidéo tournées du pont ont aussi fait plaisir à ses proches. «C'était la première fois que mes parents et ma soeur pouvaient me voir vraiment», a raconté la jeune femme, la gorge nouée.
Le capitaine Oprey lui a répété à plusieurs reprises à quel point il la trouvait «brave» et combien elle l'inspirait, lui qui rêve de traverser l'Atlantique seul... mais peut-être pas à la rame!
C'est l'Administration portuaire de Québec (APQ) qui a rendu possible cette réunion de deux générations de navigateurs passionnés, mercredi.
Sachant que le Queen Mary II s'amenait à Québec, Gaston Déry, grand amoureux du fleuve et président du comité de relations avec la communauté du Port, a eu l'idée de souligner l'événement. Idée que le président-directeur général, Mario Girard, a aussitôt récupérée, se présentant comme «un fan fini» de Mylène Paquette.
L'APQ versera d'ailleurs 2500 $ pour le financement de cette épopée et s'engage à recevoir la rameuse à son retour au Québec.
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