Lettre au Devoir: «Si vous la connaissiez, madame…»

 

Photo : Jean-Yves Nadeau Fondation Rivières

Le projet de développement hydroélectrique sur la rivière Ouiatchouan, à Val-Jalbert, a reçu le feu vert du gouvernement Marois.

Marie Néron
Amoureuse inconditionnelle de la Ouiatchouan 
7 décembre 2012
Le Devoir

Pauline Marois, première ministre du Québec.

Si vous la connaissiez, si vous connaissiez, madame, cette chute, si vous aviez déjà contemplé cette beauté. Si, un jour, vous vous étiez recueillie, humble et toute petite, devant sa majesté. Si seulement vous l’aviez vue, juste une fois, si vous l’aviez entendue gronder sa joie d’être libre… Si vous aviez vu, madame, dans la roche, ce qu’elle a pris le temps de faire, petit à petit, sans compter les heures, jour et nuit. Si vous aviez eu sur la peau, en ces chaudes journées d’été, ces fines gouttes d’eau douce et fraîche…

Si, par un jour d’orage, assise auprès d’elle, vous aviez eu la sensation de ne faire plus qu’un, de vous fondre l’une dans l’autre, sans savoir où l’une commence, ou l’autre finit… Si, dans le froid et le frimas, après une longue marche, vous vous étiez retrouvée devant elle, incapable de parler, de respirer, devant cette infinie beauté, cet écrin de glace, ayant l’air de la protéger…

Et si vous étiez allée, un peu plus bas, le long de son cours, vous allonger sur les roches plates, juste pour contempler ses remous blancs, si vous aviez eu l’envie de vous retrouver dedans… Si vous aviez juste une fois regardé cette eau courir et couler le long des rochers. Si seulement vous aviez fait tout ça, madame, alors là, vous sauriez ce que vous êtes en train de contribuer à détruire à jamais.

***

Vous avez parfaitement raison, madame Néron. Cette chute coule aussi fougueuse qu'un bijou de diamant dans un écrin de verdure. Ce serait tellement dommage qu'on l'abîme et la défigure pour faire de l'argent avec. 

Le diamant ne vaut-il pas plus que l'argent ...? 

May    

Photo personnelle prise en 2007, lors d'une visite chez nos amies, à Saguenay. Que nous aimerions bien revoir éventuellement,  d'ailleurs.