L'Oiseau frileux

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mardi, octobre 21, 2014

Pas de femme voilée à l’opéra… sauf sur la scène


Si Monsieur et Madame du Golfe sont respectueux de leurs préceptes religieux au point que Madame ne montre que ses yeux, comment se fait-il qu’ils transgressent le tabou de la musique, ce péché de luxure pour roumis dépravés.

Marie DeLarue
Boulevard Voltaire


C’était le 3 octobre dernier, nous dit la dépêche. Deux touristes du Golfe s’offraient une soirée à l’Opéra Bastille. On ne sait si monsieur portait la djellaba blanche et le torchon à carreaux rouges et blancs sur la tête, mais madame était sous la tente : intégralement voilée. « Assise juste derrière le chef d’orchestre, la femme, au cou et cheveux couverts, avait un voile clair lui couvrant aussi la bouche et le nez », dit Jean-Philippe Thiellay, directeur adjoint de l’Opéra de Paris. Dieu merci pour elle, la loi islamique n’oblige pas à se mettre des bouchons dans les oreilles… (et pas non plus à se voiler, mais c’est une autre histoire).
Bref, les choristes incommodés par ce fantôme au premier rang d’orchestre (bien qu’on aperçoive parfois des choses bien pires dans la pénombre des salles…) ont réclamé l’application de la loi : pas de femme voilée dans les lieux publics. Un contrôleur est donc allé trouver aimablement ces deux touristes, demandant à la dame de choisir entre quitter son voile ou quitter la salle. Le couple a choisi de quitter élégamment la salle et ses places du parterre à 231 euros.
Reste qu’on s’interroge. Si Monsieur et Madame du Golfe sont respectueux de leurs préceptes religieux au point que Madame ne montre que ses yeux, comment se fait-il qu’ils transgressent le tabou de la musique, ce péché de luxure pour roumis dépravés ? Et encore, s’ils avaient voulu voir et entendre L’Enlèvement au sérail, on aurait pu comprendre, mais La Traviata ! Ce qui signifie littéralement « la belle dévoyée », autrement dit l’histoire d’une fille de joie, roman de la passion signé Dumas et mis en musique par Verdi !
Pour ceux qui l’auraient oublié, je rappelle en effet que la belle Violetta dont est amoureux Alfredo se voit évincée par son futur beau-père, l’affreux Germont, qui ne veut pas d’une gourgandine pour belle-fille. Elle en meurt de chagrin. La salle pleure avec elle : « Addio… del passato… » La Dame aux camélias – car c’est elle – s’en va d’une phtisie très galopante dans les bras de son bel amour venu in extremis recueillir son dernier souffle de repentie.
Pour la petite histoire, Giuseppe Verdi voulait en faire un sujet « de son temps », mais le XIXe siècle très puritain – en l’occurrence, l’administration de la Fenice, l’opéra de Venise – le contraignit à transposer l’action un siècle et demi plus tôt.
Le rideau est tombé. Sur la scène et sur la dame du premier rang qui n’aura pas connu la fin de Violetta. C’était pourtant une belle mise en abyme…
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Mon avis: provocation, rien d'autre.  

May

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