L'Oiseau frileux

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lundi, avril 21, 2014

L'Allemagne veut combattre les photos compromettantes

Photo : TwitterOmbre fatale. En février ce cliché montrant Benyamin Netanyahou et Angela Merkel à Jérusalem a fait fureur dans les univers numériques.
Fabien Deglise
Le Devoir
17 avril 2014

C'est vrai: la modernité peut parfois être vexante, particulièrement lorsqu'elle met en circulation dans les univers numériques des photos d'individus lambda ou de personnages publics pas forcément saisis sous leurs meilleurs jours.   

Avec un bras disgracieusement en l'air, un oeil à demi fermé incarnant accidentellement l'éthylisme, un regard faussement lubrique, des cernes de transpiration sous les bras, une ombre équivoque, comme celle qui récemment a marqué le visage de la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une visite officielle à Jérusalem... la liste de ces compromissions immortalisées sur des surfaces pixelisées est longue. Et la justice allemande cherche désormais à en protéger leurs victimes avec une loi.   

Baptisée Loi Maas, du nom du ministre de la Justice Heiko Maas qui a déposé son projet de loi la semaine dernière, rapporte le quotidien allemand Tageszeitung — littéralement: le journal du jour —, l'outil législatif vise à pénaliser la prise et la diffusion «d'images compromettantes» surtout lorsque «la personne prise en photo est montrée dans une situation dégradante ou gênante», peut-on lire. Cette mesure, nécessaire selon le ministre, à une époque où le téléphone dit intelligent et l'hyperconnexion des humains ont facilité la socialisation par l'image, s'accompagnera d'amendes et de peines de prison en cas d'infractions.  

Pensée initialement pour sanctionner et lutter contre le partage de clichés à caractère sexuel, particulièrement ceux mettant en scène des enfants, ce projet de loi est toutefois loin de faire l'unanimité en Allemagne où plusieurs voix critiques se sont élevées dans les derniers jours pour dénoncer des possibles atteintes à la liberté d'expression.  

Dans la ligne de mire: l'interprétation «subjective» du terme «compromettant» qui permettrait alors à des personnalités de pratiquer la censure sous prétexte d'une posture, d'un détail dans la coiffure, d'un geste capté sur une photo et qui ne plairait pas au sujet, craint l'association des journalistes allemands et son président Michael Konken. Joli paradoxe pour ce texte de loi qui risque de devenir compromettant en cherchant à combattre la compromission.


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