Coups . Une love story lesbienne à Téhéran face au puritanisme islamiste |
C’est une famille où l’on chante.
Puis où l’on chante de moins en moins, au fur et à mesure que le bonheur
s’étiole. C’est à Téhéran, il y a la jeune et belle Atefeh, son frère
Mehran, leur mère émancipée, leur père prof de musique et la jeune et
très belle Shirin, amie d’Atefeh, qu’on découvre bientôt être aussi son
amoureuse.
Deux filles, l’une en rouge, l’autre en bleu : comme il y a deux pays
à la racine du film. La réalisatrice, Maryam Keshavarz, est en effet
une Iranienne qui vit aux Etats-Unis. Les acteurs ont de même rarement
mis les pieds dans leur pays natal et En secret a été tourné au
Liban. Récit vu d’exil. Shirin est la plus sage, Atefeh la plus folle,
comme une seule personnalité qui serait tiraillée entre deux désirs, la
liberté et l’appartenance, ou la voix et le corps.
La répression
politique, la censure ne sont du coup pas l’obsession ici : on pousse
une porte et on se retrouve indifféremment dans une chambre amoureuse,
un commissariat banal ou une fête qui finit sous les coups de la police
des mœurs.
Somme toute, la famille s’accommoderait bien de l’ordinaire politique
si celui-ci ne venait la torpiller en son cœur à travers la figure de
Mehran, le frère toxico qui délaisse peu à peu l’opium au profit de la
religion du peuple, et devient flic voyeur à la solde du pouvoir, poison
lent au sein de l’harmonie.
La contrainte étant ainsi intériorisée,
toute l’action d’En secret ne consiste qu’en un dérèglement de
son rythme, depuis le vif jusqu’à l’amorphe, comme un corps qu’on
bastonne jusqu’à ce qu’il ne bouge plus. Sous les coups, demeurent seuls
la force des regards, l’appel qu’ils maintiennent par-delà l’absurde,
comme une dénonciation muette.
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En secret de Maryam Keshavarz avec Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy… 1 h 45
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Source: Libération
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