L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

vendredi, juillet 29, 2011

Une île en Norvège, une mouette a crié



Il y a des années, j'accompagnais des groupes d'ingénieurs en Norvège. On allait du côté des fjords au-dessus de Stavanger et du côté d'Oslo. Là, on se rendait sur une petite île, en chaloupe, Utøya.

Hiver comme été, les fjords et les îles norvégiennes sont autant de secrets plus ou moins gardés. On y va pour en savoir plus sur les racines de la planète.

J'habitais alors en face de Stavanger, une île minuscule habitée par les vents et les vagues. Les mouettes criaient pour s'amuser. Ma voisine de chalet s'appelait Élisa, était octogénaire, se baignait tous les matins, à 6h, nue, été comme hiver. Dans ses délires nocturnes, elle disait qu'elle connaissait très bien la famille royale.

Pour me reposer des vents que je comprenais et de Peer Gynt que je ne comprenais pas, j'allais du côté d'Oslo. J'adorais une île minuscule, on y allait en chaloupe et on demandait à M. Sørensen combien de temps on pouvait y rester... ou y dormir la nuit. M. Sørensen facilitait la passe pour les noctambules amoureux. Je me rappelle alors que ma prof de norsk s'appelait Lisa Ogland. Le matin, entre le clapotis du lac et les premiers rayons du soleil, on entendait une mouette crier pour s'amuser.

La journée, des enfants chantaient en marchant sur les chemins. M. Sørensen les saluait. Et des papillons batifolaient. Les trolls veillaient.

La semaine dernière, les nouvelles parlaient de l'île d'Utøya. Je ne sais pas si Sørensen est encore là, ni Élisa. Lisa doit être mariée. Les enfants vont recommencer à chanter. Les trolls sont couchés.

Une mouette s'est mise à crier. C'était pour pleurer.

Un texte de Lio Kiefer - Le Devoir

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