L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

mercredi, février 13, 2008

Le mors aux dents

Convenant que «l'exemple des cours d'histoire n’était pas un bon exemple», il était temps que Pauline Marois remette les pendules à l’heure pour que l’on comprenne, au moins, le fond de sa pensée.

D’abord, prière de ne pas confondre le bilinguisme d'une personne et celui d'une société et de ses institutions. Certes, personne n’est contre le fait d’apprendre une seconde langue. Or, bien sûr, madame Marois précise qu’il faut d’abord et avant tout faire en sorte que de la première à la quatrième année, les élèves n’apprennent que le français. Et le français seulement.

Mais ce qu’elle propose, c’est qu'à compter de la cinquième ou de la sixième année [2è cycle du primaire], tous les enfants (*) aient la possibilité d'apprendre l'anglais de manière intensive. Pas seulement une certaine élite, pas seulement ceux qui vivent dans les milieux urbains: tous les enfants du Québec. (Ici, elle ne dit pas toutefois, s’il faut continuer ainsi au secondaire …). On espère que, non !

Cela dit, parlant d’élite, n’est-il pas vrai qu’au Québec, et cela depuis des lustres, de nombreux parents, plus ou moins aisés, ont toujours fait et font encore des pieds et des mains pour envoyer leur(s) enfant(s) dans des écoles privées ou alternatives? Très souvent en invoquant qu’une seule raison : pour qu’ils puissent apprendre l’anglais ... !

(Dans tous les cas, si cette « stratégie » avait pour effet de rapatrier au public – francophone - quelques-uns de ces enfants-là, la proposition de madame Marois n’aurait pas été si absurde que ça.)

Enfin, elle cite en exemple, qu’à l’heure actuelle, au Lac-Saint-Jean, à la commission scolaire du même nom, le programme d'anglais intensif existe depuis 13 ans ... ! Aujourd'hui, 17 des 21 écoles primaires y participent. Dans la majorité des écoles, le programme est ouvert en sixième année. Quelques écoles le donnent en cinquième année.

La région du Lac-Saint-Jean n’est pas devenue bilingue pour autant à ce que l’on sache. Loin de là ! Par contre, est-ce qu’en région urbaine, Montréal et Laval, notamment, le phénomène serait le même ? Ça reste à voir.

Schizophrène, madame Marois ? En tout cas, elle ne serait pas la seule à l’être, ici, au Québec, ces temps-ci ... ! Reste qu’à ce chapitre, en tout cas, on ne peut s’empêcher de saluer son courage de dire tout haut, le contraire de ce que tout le monde aimerait entendre.

De toute façon, avant de monter aux barricades, (et je m’en veux, certes, de l’avoir fait moi-même), il est toujours plus sage d’aller aux sources que de s’emballer en prenant le mors aux dents, comme certains l’ont fait cette semaine.

Non à un Québec bilingue, mais ...

(*) Dans une école publique de Laval, alors qu’elle était en sixième année, ma nièce, (dont c’était justement l’anniversaire, ce mois-ci), a déjà été choisie suivant de sévères critères de réussite scolaire dans les autres matières, afin de participer à un projet d’immersion en langue anglaise, il y a de cela maintenant vingt ans! Cette année-là, elle avait fait la moitié de l’année, en français, et l’autre moitié, en anglais. Une fois au secondaire et au cégep, elle aurait continué ses études en français, tout en choisissant le cours d’anglais enrichi.

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