L'indomptable bête

Que tous ceux qui ont dit que le PQ était le seul parti à manger (lire : tuer) ses chefs, aillent manger leurs bas ailleurs! Cela me rappelle curieusement l’atmosphère qui existait au Parti Libéral du Canada au moment où, les partisans de Paul Martin trimaient dur dans la muraille de Jean Chrétien afin d’y creuser des brèches.

Dans ce camp-là aussi, on ne se gênait pas pour laver son linge sale en public, et à qui mieux mieux pour être plus blanc …! Toujours est-il qu'à force de picossements et de détermination, ils ont réussi à faire tomber le roi JC (hrétien), du haut en bas de son cheval, pour aussitôt après, y faire grimper leur homme sur un poulain assez mal ferré, merci! … à la place.

Puis, on a vu où toute cette manœuvre les a menés par la suite ... Car en plus des élections, certes, le PLC a bien failli y perdre son nom. En tout cas, il est descendu si bas dans l’abîme politique (lire: l'estime des électeurs), qu’il a dû passer un certain temps dans les limbes (à ce moment-là, ils existaient encore …), mais n’est pas disparu de la carte pour autant. Est-ce à dire qu’il n’est pas encore de ce monde celui qui domptera le PQ, ce parti qu'on dit indomptable?

À cet effet, la liste des chefs qui s’y sont cassé les dents et brûlé les doigts à tenir la bride de cette formation échevelée est plutôt longue. Chose certaine, je doute qu’il faille ne pas trop compter sur la mouvance qui nous vient d’Ottawa pour sauver ce parti de l’égarement. Le cas de Lucien Bouchard dont le charisme et la passion ne faisaient pas défaut restera l’exemple le plus marquant. (Sans oublier que même les libéraux du Québec ont eu, eux aussi, leur part de déception avec leur homme venu d’Ottawa : Jean Charest)

Alors, ce qui se passe actuellement entre André Boisclair, son parti, ses militants et le reste du mouvement souverainiste, n’est pas unique en son genre. Bref, pas surprenant que sous la pression, il ait perdu les pédales avec l'incident Duceppe!

Mais il n’y a pas qu’ici, que ces choses-là arrivent. La France aussi (et comment!) a ses bouleversements politiques de façon sporadique. On n’a qu’à penser aux erreurs de jugement commises par Ségolène Royal tout au long des dernières présidentielles à propos de grenouillages au sein de son propre parti. Dire qu’elle aurait pu devenir la première présidente de France …!

Bon, revenons à nous! Qu’allons-nous retenir de toute cette formidable aventure qu’a relevée Chantal Hébert, dans son livre French Kiss : « À l’automne 2005, le Parti québécois est devenu la première formation importante au Canada a être dirigée par un chef ouvertement homosexuel » ? Ça, ce n’est pas à moi de le dire.

Mais allons-nous croire pour autant que les femmes, comme les homosexuels, n’ont pas le jugement nécessaire pour aspirer aux plus hautes fonctions? Voyons, c’est ridicule! Margaret Thatcher n'est-elle pas l’inspiratrice officielle de Nicolas Sarkozy …?

Enfin, à mon avis, bien que j’aie eu tendance à croire le contraire dernièrement (et je m’en veux là-dessus, je l’avoue …), il est un peu tôt pour se laisser aller à broyer du noir et croire que le PQ est sur le point de disparaître.

Et puis, après? Ce n’est pas la fin du monde! Le chef? Bah! tout le monde est remplaçable, même le pape. Et le parti? Ça, attendons voir. Entre-temps, chers souverainistes, dites-moi, êtes-vous pour l'indépendance, la souveraineté, la séparation, l'autonomie, les conditions gagnantes, le fédéralisme renouvelé, le beau risque, la souveraineté-association, l'élection référendaire ou le bon gouvernement???

C'est qu'on commence à être plusieurs à se poser la question!

P.S. Comme les choses changent vite! Dans les minutes mêmes où je plaçais ce message, André Boisclair remettait sa démission ...! Histoire à suivre, ça, y pas de doute.

Dernier discours d'André Boisclair