L'Oiseau frileux

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lundi, février 26, 2007

Le grand écart

Non, je ne vais pas parler de ballet … mais de sport professionnel. La semaine dernière, on a pavoisé. Et, il y avait de quoi ! Enfin la parité pour le tennis professionnel féminin, à Wimbleton ! Peut-être bien et c’est tant mieux. Mais reste qu’on est loin du même score dans d’autres sports, comme le golf, pour en revenir à celui-là.

Il est vrai que le tennis est un sport beaucoup plus populaire, tant auprès des adeptes que des amateurs. Les femmes y ont fait leur place et gagné leurs galons après 1968, alors qu’est né le tennis moderne et professionnel avec le début de l'ère Open … (ouverte) aux deux sexes. Il aura donc fallu 40 ans à ce sport pour se moderniser dans tous les sens du mot. Et le spectacle n'y échappe pas.

Or, il n’en est pas de même pour le golf. « Le tournoi de l'Association du Golf Professionnel Féminin (LPGA Tour) est fondé en 1950 et institué par charte en 1951. Une poignée de pionnières font du jeune Tournoi AGPF leur "labeur d'amour" en gérant et participant aux tournois, ne recevant que peu ou pas de récompenses financières. » peut-on lire sur un site de golf québécois n'ayant pas de réputation particulière pour son machisme ...

Certes, je ne vais pas me mettre à comparer les records d’assistances aux différents tournois, majeurs ou pas, masculins et féminins. Avouons, toutefois, qu’il est plutôt gênant, merci! voire même indécent d’évoquer les foules clairsemées, pour ne pas dire souvent invisibles dans la plupart des tournois féminins. Néanmoins, on peut toujours se rabattre sur « leur labeur d’amour… ».

Or, pour nous en donner une idée, rien de mieux que de comparer des oranges avec des oranges, c’est-à-dire en confrontant les statistiques des deux meilleurs parmi les golfeurs et golfeuses professionnels d’aujourd’hui : Annika Sorenstam et Tiger Woods.

À cet effet, de 1992 à 2006, d’abord le nombre d’événements, tournois, championnats, etc, auxquels ont participé ces deux vedettes du golf, on obtient 270 pour Annika S. et seulement 215 pour Tiger W. Puis, ont-ils chacun de leur côté réussi le nombre de coupures suivant, soit 261 pour Annika S. et 200 pour Tiger W. Maintenant, le nombre de fois qu’ils se sont produit dans le top 10 : 192 fois pour Annika S. et 133 fois pour Tiger W. Aussi, le nombre de rondes jouées durant toutes ces années : 957 pour Annika S. et 787 pour Tiger W. Quant au score moyen de chacun et chacune, 69,97 pour Annika S. et 69,42 pour Tiger W. Évidemment, on a bien raison d’être surpris qu'un si petit écart se soit glissé entre les deux. Infime, devrait-on dire: 0,55 …! Aurait-elle joué sur des parcours plus courts qu'elle n'en avait pas moins de talent.

Mais, comme on s'en doute bien, la vraie surprise reste à venir. On dit souvent que l’argent n’a pas d’odeur. Aurait-il alors une couleur? En tout cas, celle de l’iniquité est bien peu dire, car pour un labeur similaire …??? on calcule 20 301 333.00 $ dans le cas d’Annika S. et 66 598 374.20 $ (À remarquer le petit montant de 0,20 cents … !!!) pour Tiger W. L’écart se chiffre donc autour de 46 297 041$. Un détail, il va sans dire.

Avant de terminer, pourquoi ne pas reprendre les écarts d’une autre manière ? La manière-choc, mettons! Annika aura alors participé à 65 événements de plus que Tiger ; elle aura réussi 61 coupures de plus que lui ; au top 10, elle aura été présente 59 fois de plus que le meilleur golfeur au monde, et enfin, elle aura joué 170 rondes de plus que lui. Sans oublier qu’elle a réussi l’exploit rarissime de jouer une ronde de 59, ce que n’a pas encore fait Tiger, si je ne me trompe. Serait-ce à cause du petit écart de cinquante centièmes et des poussières affiché au score moyen, qu’elle aurait eu droit à ... 46 millions $ de moins que lui ?

Ne vous étouffez pas toutes en même temps ...!

Bien sûr, le temps des suffragettes est terminé. Mais assez, c’est assez, me semble ! Quand le labeur d’amour n’en finit plus d’accoucher sur le dos des femmes, eh bien, faut-il se surprendre de voir des golfeuses, en 2007, comme Natalie Gulbis pour la nommer, accepter de poser pour la caméra afin de boucler leurs fins de mois … ? (À ne pas manquer la vidéo à droite : « Natalie poses for the camera ») Le labeur d’amour n’est-il pas le prix à payer pour pratiquer un métier vieux comme le monde ? Celui où la confiance y est superflue et où le talent importe peu.

C'est ça, la beauté de la chose, Chose ... !

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