L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

jeudi, avril 19, 2007

Écoute-moi bien ...

C’est parce que tu es mon amie, que je vais te faire une confidence. C’est triste de te dire cela, mais la pitié que j’ai pour le drame de Virginia Tech est très mitigée.

Oh, j’ai beaucoup de regret pour tous les étrangers tués, notamment ce prof israélien qui a sacrifié sa vie pour sauver celles de ses étudiants, puis naturellement pour cette malheureuse Québécoise, Jocelyne Couture-Nowak, et enfin pour tous les jeunes innocents sacrifiés sur l’autel d’une folie meurtrière sans bornes.

Mais, dis-moi, mon amie, pourquoi devrions-nous avoir plus de pitié pour ces jeunes Étatsuniens que pour les 190 Irakiens, hommes, femmes et enfants tués hier matin, à Bagdad? Voilà où le bât blesse. Je n’accepte tout simplement pas que la vie d’un Étatsunien ait plus de valeur que la mienne ou celle de tout autre humain sur cette planète.

C’est ça, au fond, le fond du problème. La banalisation de l’horreur, mais en commençant d'abord chez l’autre ... Après ça, on s’en veut d’atteindre le fond du baril en s’effondrant d’impuissance devant l’évidence.

Le pire, c’est que nos voisins du Sud s’attirent leurs bosses* en s’entre-tuant entre eux (le pléonasme ici est plus que nécessaire)… ! Car plus de 200 millions d’armes à feu légales seraient en leur possession, aiment-ils se vanter, par les temps qui courent. C’est troublant, ça. Essayons d’imaginer chaque Canadien propriétaire de plus de 6 armes à feu en moyenne à lui tout seul … !!!

En fait, ce qui m’a mis le feu aux poudres, cette semaine, c’est quand j’ai entendu les pro-armes à feu dire depuis la tragédie qu’il y aurait eu beaucoup moins de morts à Virginia Tech, si TOUS les étudiants avaient eu une arme en leur possession. Encore un peu de temps, et on finira par les croire ... Comment qualifier pareille distorsion de raisonnement?

Dire qu'il ne suffirait que de quelques heures par Internet, donc à la vitesse grand V, pour répandre la Bonne Nouvelle d’une volonté populaire de changement de mentalités … ! Mais, non. Personne, n’y a même pensé. C’est nous qui y pensons …!

Bien sûr, si je t’avais dit tout ça de vive voix, mon amie, tu m’aurais dit : « Pauvre idiote! Ne gaspille pas ta salive…! ». Tu as bien raison. Car, on sait tous que rien du tout ne changera ni demain, ni après-demain.

À toi pour toujours,
May West

* S'attirer nos bosses signifie se rendre responsable de nos propres malheurs.

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